Française et belge - deux loteries, un même destin?
Entre voisins, on a beaucoup à s’apprendre. Et surtout beaucoup à partager sur des expériences communes comme les jeux d’argent et de hasard. C’est en tout cas dans cette optique que les Echos belges ont proposé à Stéphane Pallez, présidente et directrice générale de notre Française des Jeux nationales, et à Jannie Haek, qui est à la tête de la loterie belge, de comparer leurs modèles et l'environnement dans lequel évoluent les jeux de hasard. Un débat d’autant plus intéressant que, des deux côtés de la frontière, la loterie connait une période de grands changements et doit affronter de nombreux défis.
Belge et France : deux loteries qui se ressemblent beaucoup
Les Echos ont donc voulu faire se rencontrer les deux personnes à la tête des loteries belge et française. D’un côté, Stéphane Pallez, qui dirige le deuxième opérateur de loto en Europe, avec près de 16 milliards d’euros misés chaque année au loto français et plus de 30000 points de vente partout en France. De l’autre, Jannie Haek, administratrice de la loterie nationale belge, qui ne démérite pas avec ces près de 1,4 milliards de mises annuelles et plus de 7 000 points de vente.
La première dirige pourtant une entreprise publique qui devrait bientôt s’ouvrir aux capitaux privés (puisque l’état français souhaite privatiser la FDJ, tout en conservant un peu moins de 20% de son capital). Quand la seconde est bel et bien à la tête d’un organisme public et qui compte le rester. Les deux dirigeants se sont ainsi rencontrés et entretenus dans les pages de l’Echo belge en marge du 10e congrès annuel de la loterie européenne qui se tenait à Anvers il y a deux mois. L’occasion pour eux de comparer leurs expériences pour y trouver, semble-t-il, plus de similitudes que de différences.
En effet, les deux loteries se ressemblent beaucoup. Et en particulier dans les défis que doivent relever leurs deux dirigeants, puisque Stéphane et Jannie avouent vouloir bénéficier d’une plus grand liberté d’action. Mais surtout au vu des projets qui pourraient naitre, puisque le loto belge devrait commander auprès de son confrère français une étude sur les nouvelles technologies appliquées aux jeux d’argent.
Deux loteries nationales au destin commun ?
La première chose qui unit le loto belge et la loterie française est le fait qu’ils étaient tous deux au départ tout du moins, des entreprises nationales. D’ailleurs, les deux loteries qui siègent aujourd’hui à la tête de l’Euromillions, auprès de 7 autres états européens, ont été créées à la même période, soit à la fin de la seconde guerre mondiale.
Mais si leurs origines sont communes, les lotos belges et français suivent tout de même des trajectoires sensiblement différentes. Néanmoins, Stéphane Pallez a tenu à mettre en avant les valeurs et biens communs promus par les deux organismes, et en particulier la volonté de certification, de responsabilité des jeux d’argent pour palier aux risques de dépendance, et des standards communs encadrant la promotion de la loterie et des jeux de hasard de manière générale.
D’ailleurs, c’est autour de ces objectifs que les deux loteries se sont très souvent alliées. Et ont oeuvrées pour développer des outils communs, comme l’Euromillions qui est notamment né de cette collaboration entre les états européens.
Il rappelle également la vocation B2B (Business to Business) de la FDJ qui souhaite continuer de proposer son expertise et ses services technologiques aux autres lotos européens, et notamment à son voisin belge.
Apprendre de ses faiblesses, et des forces de l’autre
Cette rencontre a surtout été l’occasion pour la FDJ et la loterie nationale belge de partager leurs expérience commune. Et de s’inspirer de la gestion de leur voisin afin d’adapter leurs pratiques et d’évoluer dans le bon sens. Du côté belge, on envie par exemple la manière dont la FDJ est régulée, tout en collaborant avec l'État français. De l’autre côté de la frontière, c’est plutôt l’affectation explicite des gains du loto présenté de manière très claire aux contribuables belges qui est envie.
Dans les deux cas, on sent une réelle volonté à innover pour rendre le loto toujours plus attirant. Une démarche qui, en France, devrait être réimpulsée par la future privatisation de la FDJ. Mais aussi des initiatives publiques comme la Mission Patrimoine qui donne au loto le beau rôle de sauver les monuments français. Attention cependant à ne pas tomber dans l’excès de compétition, qui pourrait nuire aux missions de prévention de la dépendance qui sont chères aux lotos nationaux, où qu’ils se trouvent.
Reconnaitre le rôle de la chance
Les deux dirigeants du loto ont achevé leur entretiens sur une belle réflexion concernant la chance et le hasard : deux facteurs clés des jeux d’argent. Selon Stéphane Pallez, la loterie n’est rien d’autre qu’une allégorie de la vie, dans laquelle la chance joue un rôle prépondérant, qu’on le veuille ou non. En l’acceptant, on donne ainsi la possibilité aux individus et aux entrepreneurs d’accepter cette part d’inconnu et d’imprévisible pour s’autoriser à échouer. Et surtout se redonner la force pour recommencer.