Des buralistes détournent des gains du loto
À la FDJ, on ne s’en remet pas au hasard quand il s’agit de garder la confiance des joueurs. “Les bons comptes font les bons amis”, comme l’adage le dit mais la réglementation aussi. C’est pourquoi les agréments des 32 000 points de vente sont régulièrement vérifiés afin de garantir au client le juste paiement de ses gains.
Dans le département de l’Essonne, un buraliste ne l’a pas entendu de cette oreille et s’est servi pendant plusieurs années dans la caisse, aux dépens des gagnants, jusqu’au jour où il s’est fait prendre la main dans le sac! Retour sur ce détournement de fonds de 2016 qui a pu mettre sérieusement à mal notre Loto national et sa réputation!
Un préjudice impossible à évaluer mais des habitants spoliés!
L’affaire a fait grand bruit suite à sa découverte. Il faut dire qu’un signalement avait déjà été fait en 2012 à la FDJ sur la base de soupçons de la part d’un habitué. Comme les gérants du Tabac Presse de Chevry subtilisaient tout ou partie de la somme due aux vrais gagnants, cela ne se voyait pas forcément. C’est “l’occasion qui a fait le larron”, mais c’est la répétition qui a éveillé les soupçons d’un ou plusieurs habitants constatant le décalage avec leur gain et la somme dérisoire qu’ils récupéraient...
Parfois, les buralistes poussaient le bouchon jusqu’à échanger un ticket gagnant à la loterie contre un billet perdant pour pouvoir toucher à eux seuls la totalité des gains! Ce modus operandi aléatoire explique l’absence de montant précis du préjudice subi par la Française des Jeux. Cette institution ludique a porté plainte contre les escrocs auprès du Tribunal d’Evry pour abus de confiance. Selon un habitant, ce sont les citoyens qui sont les réelles victimes de cette fraude qui courait depuis des années!
Un risque majeur pour le Loto et la Française des Jeux?
Ce n’est pas tant l’argent perdu qui peut affaiblir la FDJ que la mauvaise image que cela peut véhiculer auprès du public. Dans l’imaginaire collectif, cette société basée à Boulogne-Billancourt, siège où sont effectués tous les tirages du Loto et de l’EuroMillions – My Million, est synonyme de manne providentielle et d’honnêteté, le tout sous contrôle d’huissier. Alors, qu’est-ce qui pourrait écorner cette image d’Epinal et serait susceptible de faire bouder la loterie nationale?
En fait, ce fait divers pourrait dissuader les joueurs de remettre leur sort entre les mains d’un buraliste dans un point de vente devenu douteux à leurs yeux! C’est pourquoi la FDJ intensifie ses inspections directement à la source. Par rapport aux gérants de la maison de la presse de Chevry, des faux clients avaient même été envoyés par ses soins pour les piéger à leur tour et ainsi révéler l’escroquerie au ticket gagnant au grand jour!
Jouer au Loto sans que ça devienne une loterie
Selon la FDJ, cette affaire reste heureusement rare même si chaque ombre au tableau est déjà de trop! Pour y remédier, elle conseille de télécharger l’application FDJ sur son smartphone pour pouvoir scanner le code-barre présent sur chaque reçu. Grâce aux sites de jeux de loterie en ligne, on peut désormais savoir par message si on a gagné et combien. De même, les bornes disponibles dans les 32 000 points de vente agrées et réparties dans toute la France permettent de vérifier en temps et en heure si notre billet possède la mention “aucun gain” ou si on va pouvoir fêter ça!
Malgré tout, le phénomène pourrait prendre de l’ampleur si tout le monde n’y prend garde! Le 11 février 2018, un buraliste de Villeparisis a pu utiliser à nouveau le même stratagème. Tenant dans ses mains un billet gagnant, l’individu peu scrupuleux a cédé à la tentation et n’a rendu que 1 560 euros à son client qui ignorait alors avoir gagné au Loto la modique somme de 25 031 euros. Ce n’est qu’en rentrant chez lui que la victime s’est demandé pourquoi le gérant du Tabac ne lui avait pas rendu son ticket... Après un rapide comparatif avec les résultats officiels du tirage, il s’est rendu compte du pot au rose, et a pu envoyer son commerçant devant le Tribunal correctionnel de Meaux.
La condamnation a été sans appel avec une agrémentation retirée, une amende de 3 600 euros en plus du remboursement des 23 471 euros détournés. Le gérant âgé d’une trentaine d’années a expliqué qu’il avait agi sur un coup de tête pour placer ensuite l’argent sur le compte en banque de son père. Peut-être a-t-il pris au pied de la lettre le slogan culte des années 80 de la FDJ: “le Loto, c’est facile, c’est pas cher, et ça peut rapporter gros”!